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Frédéric Maillard
Par Frédéric Maillard Le 4 décembre 2013 Catégorie d'articles: Revue de presse
Ariane Gigon, La Liberté

SCANDALE • Après de nombreuses révélations sur des actes de violence de policiers, le commandant de la police quittera son poste à la mi-décembre.

Un policier d’élite battant son amie à tel point qu’elle doit se faire soigner à l’hôpital. Des sanctions? Non, une promotion. Un autre policier exigeant des faveurs sexuelles de ses collègues féminines en échange d’avancement. Promu, lui aussi. Tout comme l’a été le policier stoppé en plein excès de vitesse sur sa moto, retrait de permis à la clé. Et un prévenu arrêté tabassé au sol, sous l’œil d’une caméra de surveillance.

Cette liste de scandales touchant la police lucernoise a fini par causer non seulement l’éviction et la punition de certains des coupables, mais aussi, après des mois de révélations, la chute de son commandant, Beat Hensler, annoncée hier par le Conseil d’Etat. La ministre de tutelle, la socialiste Yvonne Schärli, n’a pas été épargnée.

«Laisser le champ libre»

«Les faits peuvent paraître effrayants, au premier regard», a déclaré l’ancien juge bernois Jürg Sollberger, mandaté pour passer à la loupe les incidents dont des policiers lucernois ont été les auteurs depuis 2008. Ayant passé au crible 46 cas, dont 8 qualifiés de graves, l’expert a conclu à des manques de conduite flagrants de la part du commandant Beat Hensler, qui a «mal évalué la gravité des faits» et «n’a que partiellement, voire pas du tout, informé sa responsable politique». «Lorsque les policiers ont eu la possibilité de s’exprimer, j’ai été inondé de téléphones et de courriels, à mon bureau et à mon domicile. C’est comme une digue qui est tombée», a précisé le Bernois.

Hier, lors de la conférence de presse, Beat Hensler a réitéré des aveux du bout des lèvres déjà lâchés durant l’été: «J’ai toujours pris des décisions qui me semblaient conformes, mais aujourd’hui, à la lumière d’autres éléments, il est vrai que je déciderais différemment, dans certains cas. Il vaut mieux que je parte pour laisser le champ libre à la nouvelle organisation des structures de conduite», a-t-il déclaré, en substance.

Ministre sur la sellette

Le Conseil d’Etat a en effet adopté plusieurs changements touchant la direction de la police. Une commission administrative traitera les cas de violations des règles à l’intention de la direction de la police; les Lucernois feront appel aux Argoviens, et vice versa, s’il faut enquêter sur des policiers, selon un accord en préparation. Le rôle du Ministère public sera en outre renforcé dans les enquêtes internes. Enfin, le département devra être informé non seulement de toutes les enquêtes touchant des collaborateurs de police, mais aussi des promotions, dès le cadre moyen. «La police lucernoise n’est pas une police qui tabasse, mais des cas isolés n’ont pas été traités correctement», a insisté Yvonne Schärli, qui avait gardé sa confiance en Beat Hensler jusqu’à très récemment.

Si le rapport de Jürg Sollberger confirme l’ignorance involontaire de la socialiste, cette dernière reste dans le viseur des partis. Estimant qu’elle a réagi trop tard, la droite demande sa démission. Les faits font également l’objet d’une enquête d’une commission parlementaire. «J’assume effectivement la responsabilité politique de la police. Mais, pour cela, je dois disposer des informations nécessaires. Jusqu’à il y a peu, ce n’était pas le cas», a-t-elle expliqué.

Pour Frédéric Maillard, spécialiste de gestion et de formation des policiers en sciences humaines, «les réformes annoncées ne sont pas suffisantes, car une instance pluridisciplinaire et indépendante chargée de traiter les incidents et dérapages continuera à manquer, tout comme un lieu où les collaborateurs de police peuvent parler librement. Les réflexes corporatistes, très forts dans les corps policiers, feront que les informations destinées à être livrées aux responsables politiques seront filtrées. Dans leur réorganisation, les Lucernois ont pris une bonne voie, mais ne sont pas allés jusqu’au bout d’une démarche qui aurait pu être pionnière.»

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